À cette date, le dernier membre survivant des quelques personnes choisies par les fondateurs des coopératives du Nunavik pour construire leur fédération est décédé, victime du Coronavirus. On se souviendra de M. Aurèle St-Amant pour ses compétences professionnelles, ses nombreuses années de service et sa personnalité hors du commun ; mais surtout, on se souviendra d'Aurèle pour la profonde affection qu'il avait envers les gens qu'il servait.
Aurèle était incontestablement doué pour la comptabilité. Il a reçu sa certification après avoir obtenu les meilleures notes dans tout le Canada lors des examens d'accréditation de 1961. Deux ans plus tard, il rejoint les Caisses Populaires Desjardins qui le nomment auditeur et conseiller des points de vente Desjardins au Nunavik. C'est le début d’un engagement de toute une vie à fournir aux Inuits les outils et le savoir-faire nécessaires pour prospérer de manière autonome.
En 1965, après avoir rencontré le père Steinmann, Peter Murdoch et les sculpteurs locaux de Puvirnituq, Aurèle devient l'auditeur intérimaire des coopératives et forme les administrateurs à leur gestion. Deux ans plus tard, cinq coopératives naissantes s'associent pour former une fédération et bientôt d'autres s'y joindront. Bien que sa jeune famille habite à Lévis, Aurèle passe des mois interminables dans le Nord à préparer des états financiers, à assister à des réunions, à compter les inventaires, à faire tout ce que nécessitent les débuts difficiles. Malgré cela, Aurèle ne fait jamais passer cela pour une épreuve personnelle ; il fait corps avec les Nunavimmiut et leurs façons de faire qui correspondent si naturellement au modèle coopératif auquel il croit.
Aurèle a partagé son amour du Nord avec sa famille en l'emmenant pendant l'été pour qu'elle découvre elle aussi la beauté de ce territoire et de ses habitants. Au début des années 80, Aurèle a travaillé avec son fils Eric pour créer une version informatisée de son système de comptabilité pour les coopératives, une structure "encaissement, décaissement" qu'il avait conçue pour être efficace ainsi qu'un outil d'apprentissage. Le système d'Aurèle et d'Eric est resté le principal outil de comptabilité jusqu'en 2002.
Bien qu'Aurèle ait réussi à rester pragmatique dans les moments difficiles, comme lorsqu'une coopérative a brûlé ou lorsqu'une avalanche a dévasté une communauté, on se souviendra surtout de lui comme d'un homme chaleureux et modeste qui avait un sens de l'humour subtil mais ludique. Lors de ses tournées régulières, Aurèle était souvent accueilli avec un "Attatatsiagnai" (Salut grand-père) affectueux de la part des membres locaux qui reconnaissaient son immersion totale dans la société inuit et appréciaient son engagement envers les gens et leur mouvement coopératif.
Ilagiisaq est également redevable à M. St-Amant d'avoir encadré un certain nombre d'employés qui y travaillent encore. Ses jours sont maintenant révolus, mais son influence continue de résonner. Ce gentil géant nous manquera et nous remercions sa famille survivante de l'avoir si généreusement partagé avec nous tous.
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Information :
Caroline Mailloux Communications et affaires publiques Ilagiisaq – Fédération des coopératives du Nouveau-Québec caroline.mailloux@fcnq.ca 514 457-9371 poste 436
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